La Myrtille au pays de Salm
![](https://185.184.58.32/plesk-site-preview/myrtilledesalm.be/https/172.18.122.158/wp-content/uploads/2023/09/Salle-chapitre-2012-.jpeg)
Étymologiquement, la myrtille commune est une petite myrte, du latin myrtus lui-même issu du grec murtos.
Malgré leur vague ressemblance, la myrte et notre myrtille commune n’ont pas de proche parenté biologique.
La myrtille commune (Vaccinium myrtillus) est un sous-arbrisseau de la famille des Éricacées, groupe des airelles, qui produit des fruits également appelés myrtilles. Le nom de myrtille, qui désigne aussi bien le végétal que son fruit, se rapporte à l’origine uniquement à Vaccinium myrtillus, mais l’appellation de myrtille s’est étendue à d’autres espèces,
notamment américaines, qui sont cultivées.
La noble myrtille porte de nombreux autres noms vernaculaires régionaux : airelle noire, ambreselle, ambroche, bl(e)uet, cousinier, gueule-noire, mauret(te), brimbelle, raisin des bois ou de bruyères.
![](https://185.184.58.32/plesk-site-preview/myrtilledesalm.be/https/172.18.122.158/wp-content/uploads/2023/10/Myrtilles-2023.jpg)
La myrtille commune est un vigoureux sous-arbrisseau vivace et rampant, de 20 à 60 cm, qui forme des fourrés nains aux fruits mauves sur tiges vertes à section triangulaire dans les bois, landes et tourbières, associé aux plantes acidophiles.
Si dans le langage des fleurs, la myrtille signifie la recherche de la solitude, dans notre Confrérie, elle est source de convivialité.
Les baies fraîches se dégustent crues ou légèrement sucrées et éventuellement avec de la crème, en salade ou avec de la maquée.
Cuites, elles garnissent nos tartes, crêpes, muffins et clafoutis, ou accompagneront judicieusement le gibier et les viandes blanches.
![](https://185.184.58.32/plesk-site-preview/myrtilledesalm.be/https/172.18.122.158/wp-content/uploads/2024/01/myrtilles-2-1024x683.jpg)
Avec le pâté d’Ardenne à la Myrtille et l’Élixir Sauvage qui accompagnent nos agapes, la Confrérie promeut sa cueillette (en saison) mais aussi tous ses usages culinaires : en confiture, en pâtisserie, mais aussi dans le saucisson et les pâtes (comme en Savoie), en soupe (Blabars Soppa en Suède), en sirop, en liqueur ou en décoction comme en phytothérapie (pour de nombreuses vertus).
![](https://185.184.58.32/plesk-site-preview/myrtilledesalm.be/https/172.18.122.158/wp-content/uploads/2024/01/myrtilles-3-1.jpg)
A Vielsalm et dans le reste de l’Ardenne, la commercialisation des myrtilles était pratique courante aux 19 et 20èmes siècles.
Outre la vente au détail, elles étaient destinées à la distillerie, à la coloration des vins (sacrilège scandinave) et à l’usage culinaire.
Les villageois en conservaient aussi pour leurs besoins personnels, notamment dans leur pharmacopée en raison de leurs vertus principalement anticolibacillaire, circulatoire,
antidiabétique et diurétique, mais aussi pour améliorer leur vision nocturne.
En Pays de Salm, la cueillette des myrtilles qui commençait la deuxième semaine de juillet et durait un mois, est à l’origine du traditionnel cortège de la fête des myrtilles qui se déroule à Vielsalm tous les 21 juillet (jour de la fête nationale belge).
Les baies étaient cueillies par les femmes et les enfants, souvent au moyen d’un peigne, à l’origine du sceptre du Grand Maitre.
Selon notre Grand Maître honoraire, se basant sur la tradition orale, la récolte moyenne était de 50 kilos/jour et personne.
![](https://185.184.58.32/plesk-site-preview/myrtilledesalm.be/https/172.18.122.158/wp-content/uploads/2024/01/Arbuste-myrtille.jpg)
Le produit, vendu en ville, a même été exporté par chemin de fer vers la Grande-Bretagne pour fournir des produits colorants destinés notamment aux encres (stylos) et aux teintures.
Les cours anglais étaient communiqués à Zeebrugge (HESMANS, 1926) et le prix des myrtilles variait au cours de la saison et d’une année à l’autre, suivant l’abondance et la qualité de la récolte, la demande du marché et la concurrence des grossistes.
![](https://185.184.58.32/plesk-site-preview/myrtilledesalm.be/https/172.18.122.158/wp-content/uploads/2024/01/Myrtilles-4.jpg)
Au 19ème siècle, une cueilleuse pouvait gagner un revenu journalier quasi équivalant au prix de deux jambons fumés (COURTOIS, 1828 ; HOYOIS, 1949-1953). Quand la vente était rentable,
il n’était pas rare que les hommes eux aussi quittent leur travail pour aller ainsi « aux myrtilles ».
La cueillette et le commerce des myrtilles ont cependant disparu progressivement après les années 1950. Les raisons principales de ce déclin sont la raréfaction des populations de myrtilles due aux reboisements en épicéas, qui ne laissent pas filtrer de lumière en suffisance, l’arrivée des colorants de synthèse et surtout l’instauration des congés payés en 1936, qui apportèrent un supplément de rentrées financières aux salariés des ménages, les dispensant peu à peu de ce travail saisonnier (JACQUEMART et al. 2008).
Jacquemart A.-L., Angenot A., De Sloover JR, Iserentant I. 2008. La réserve naturelle domaniale du plateau des Tailles et ses milieux tourbeux. Approches géographique, historique et biologique.
Glain et Salm, 62